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Giorgio Passerone

5 Les dirigeants du PCI avaient de quoi apprécier ce que Pavese écrit dans La luna e i falò : «  Comunista non è chi vuole. Ci vorrebbero dei comunisti non ignoranti che non guastassero il nome » (« N’est pas communiste qui veut. Il faudrait des communistes non ignorants et qui ne gâtent pas le nom »). Ce sont de tels énoncés, repris à la lettre dansDe la nuée à la résistance, qui expliquent également le refoulement du film à sa sortie en 1978, dans les années de plomb du « compromis historique ». Quant à la traduction officielle de Michel Arnaud chez Gallimard, en 1965, qui met en colère J.-M.S, même révisée par Mario Fusco qui s’enferre dans un remaniement à l’identique (C. Pavese,Œuvres, Folio Quarto, 2008, p. 1259), elle dit tout sur le jdanovisme d’hier et d’aujourd’hui: « Il faudrait des communistes qui ne soient pas des ignorants et qui ne fassent pas de tort au Parti » !

6 Dans la chambre de l’Hôtel Roma, devant la gare de Porta Nuova, on trouve une copie des Dialogues avec Leucò qui porte ces mots sur le frontispice : « Je pardonne à tous et à tous je demande pardon, ça va ? Ne faites pas trop de commérages ». Maiakovski écrit au début de son « Adieu » : « Je meurs, n’accusez personne, et s’il vous plaît, ne faites pas de bavardages. Le défunt les détestait ».

7 Cesare Pavese, Le Métier de vivre, « 16 août 1950 », Gallimard,1958, p. 464.

8 C’est à la suite des années sombres de sa relégation à Brancaleone Calabro, prescrite par les fonctionnaires fascistes (1935-36), que Pavese commence à élaborer la partie la plus importante de son œuvre (« la maturité est tout »).

9 C. Pavese, « Mythe, symbole et autres sujets » in Littérature et société, Gallimard, 1990, p. 232.

10 « ‘Tu ne t’es jamais demandé pourquoi un instant, semblable à tant d’autres du passé, doit te rendre heureux d’un coup, heureux comme un dieu ? Tu regardais l’olivier, l’olivier sur le sentier que tu as parcouru chaque jour pendant des années, et vient le jour où l’ennui te quitte et tu caresses le vieux tronc du regard comme s’il était un ami retrouvé et te disait proprement la seule parole que ton cœur attendait. D’autres fois c’est l’œillade d’un passant quelconque. D’autres fois la pluie qui insiste depuis des jours. Ou le cri bruyant d’un oiseau. Ou un nuage que tu dirais avoir déjà-vu. Pour un instant le temps s’arrête et la chose banale, tu la sens dans le cœur comme si l’avant et l’après n’existaient plus. Tu ne t’es pas demandé pourquoi ?’ ‘ Tu le dis toi-même. Cet instant a rendu la chose un souvenir, un modèle.’ ‘Tu ne peux la penser une existence entièrement faite toute de ces instants ?’ ‘Je peux la penser, oui’ ». (sous-titrage de Danièle Huillet).