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Mateus Araujo Silva2

La transcription d'une de ces conversations, qui a eu lieu à Rome au début de 1970, chez le producteur Gianni Barcelloni (où logeait Rocha), en présence aussi de Miklos Jancso, Bernardo Bertolucci, Pierre Clementi et Simon Hartog, a été publiée en portugais par Rocha dans un article d'avril 197014 – et dans d'autres langues (dont le français) par d'autres plus tard15.

 

Les Straub ont évoqué, eux aussi, dans un entretien aux Cahiers du Cinéma (n.223, août 1970, p.52), des propos de Rocha tenus lors d'une conversation de 1969 ou 1970 sur les projections de leurs films au Brésil. Plus récemment, après un vif débat suite à une projection d'Othon au 26/2/2008 au Reflet Médicis de Paris, Straub m'a personnellement confirmé, dans des propos très chaleureux, l'amitié et la fréquentation qui les rapprochait à Rome, sur lesquelles il s'est pourtant gardé, lorsque je l'ai relancé plus tard, de me concéder un témoignage plus détaillé, pour se préserver peut-être des souvenirs d'autrefois, qui risquaient de raviver des blessures récentes16. Son silence, que nous regrettons mais devons comprendre et respecter, réduit les documents sur leur amitié aux seuls témoignages directs de Rocha, à la photo reproduite ici des deux (sans Danièle Huillet), prise par Bruna Amico à Rome en 1969, dans une galerie ou un hall de salle de cinéma, probablement lors d'un événement consacré à Rocha (dont on voit un dépliant entre les mains de Straub), et à quelques témoignages indirects de leurs contemporains17

 

De fin 1967 à 1975, Rocha n'a cessé d'exprimer son admiration envers les films, la posture et le travail des Straub – qui ne lui ont jamais rendu la pareille, comme d'ailleurs la plupart des grands cinéastes sur lesquels il a écrit. Il en a parlé dans un double registre, en critique ou observateur rendant compte du cinéma le plus intéressant qui se faisait à son époque, et en cinéaste discutant sa propre démarche, ses choix, ses films, ses influences et ses sources d'inspiration. Sans consacrer aucun texte entier aux Straub, il aura laissé en tout cas un ensemble considérable et cohérent de déclarations et de considérations, tantôt ponctuelles, tantôt plus suivies, sur leur travail. A ma connaissance, ses deux textes présentant les remarques les plus frontales et étayées sur Straub sont les articles "Le nouveau cinéma dans le monde" ("O novo cinema no mundo", O Cruzeiro, 30/3/1968) et les paragraphes d'introduction à la conversation déjà citée parue sous le titre '"Glauber Rocha écrit : ainsi on fait la révolution au cinéma" ("Glauber Rocha escreve : assim se faz a revolução no cinema", Manchete, n.939, abril 1970).