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Jean-Yves Petiteau

Mon souvenir de l’île remontait au moment où je débarquais avec Jean Bricard après la crue. Ce territoire qui par un cycle naturel, peut disparaître et naître dans le réel comme dans la mémoire.

Un récit et un lieu qui chaque fois peut renaître et recommencer.

Une terre où la mémoire tourbillonne et n’engendre jamais une simple reproduction.

 

Chaque retour, comme tout recommencement, est une « réinvention de la mémoire ».

Revenir sur les lieux de cette parole, ce n’était pas seulement retrouver les traces de la mémoire, mais débarquer sur une île où recommence l’histoire inachevée de Jean Bricard ; une île-commencement où chaque fois se découvre un monde en gestation.

 

Les parcours deviennent une ritournelle de la mémoire, chaque fragment du récit entre en résonance avec la composition Le style de la parole énoncée entre en résonance avec le rythme. Le territoire est progressivement « hanté » ou « creusé » par la parole.

 

« Je n’étais pas un assassin qui revenait rôder sur les lieux du crime ; le lieu lui-même est un très vieux criminel depuis qu’il tourne autour du soleil »8.

 

L’arpentage est déjà un montage et la photographie une saisie furtive de la rencontre.

 

Dans ce repérage en retour, chaque phrase du récit devient une ouverture. L’attente et le silence deviennent les liens d’une nouvelle chronologie, celle d’un sens qui échappe à toute analyse ou à tout explicite. Le silence recouvre le non dit.

Dans le film, Le récit prend force parce qu’il traverse un paysage comme s’il n’avait encore jamais été identifié.

Tout se passe comme si, parce qu’on peut le voir et le revoir, le film rendait définitive, la reconnaissance symbolique du récit.

 

Ce texte a été publié une première fois dans la revue "Fusées" n° 15, en Mars 2009.