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Benoît Turquety

Benjamin, 1916 : « je reviens toujours à cette idée qu’éliminer l’indicible de notre langage jusquà le rendre pur comme un cristal est la forme qui nous est donnée et qui est la plus accessible pour agir à l’intérieur du langage et, dans cette mesure, par lui : cette élimination de l’indicible me semble justement coïncider avec un style d’écriture sobre et proprement objectif et indiquer, à l’intérieur même de la magie qui est l’ordre du langage, la relation qui existe entre connaissance et action. Ma notion d’un style et d’une écriture objective, par là-même hautement politique, est celle-ci : conduire à cela qui est refusé au mot […] Je ne crois pas que ma manière de penser soit ici non juive.24 »

 

Encore, 1925 : « L’idée est monade – la représentation des phénomènes y repose, préétablie, en tant qu’elle est leur interprétation objective. […] Et c’est ainsi que le monde réel pourrait faire l’objet d’une tâche à accomplir : il s’agirait en ce sens de pénétrer si profondément dans tout le réel qu’une interprétation objective du monde s’y découvrirait. Si l’on considère cette tâche d’immersion de la pensée, il ne paraît pas énigmatique que l’inventeur de la monadologie ait été aussi celui du calcul infinitésimal.25»

 

Adorno : « Il faudrait établir des perspectives dans lesquelles le monde soit déplacé, étranger, révélant ses fissures et ses crevasses, tel que, indigent et déformé, il apparaîtra un jour dans la lumière messianique. Obtenir de telles perspectives, sans arbitraire ni violence, uniquement à partir du contact avec les objets, telle est la seule tâche de la pensée.26 »