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Editorial
Jean-Louis Raymond

 

Dans l’écart souverain d’une pratique éthique de l’art cinématographique, l’œuvre de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet porte le germe d’un geste toujours à venir, qui se transmet comme la lettre cachetée de Rainer Maria Rilke, dans la secrète intimité de la rencontre avec chaque spectateur.

Fruit de l’expérimentation d’une suite infinie de nécessités et de confrontations concrètes avec le réel, sa matière, sa sonorité, sa scansion, c’est un cheminement à travers l’histoire des hommes sur la terre qui les porte, au hasard des rencontres, à la persistance des colères, où un récit se réinvente, indispensable, citoyen.

Une recherche de vérité en cinéma, qui ouvre largement le champs d’un questionnement formel et existentiel paradoxal au cœur brûlant de notre époque, et qui fait figure de repère dans la jungle des leurres mercantiles qui encombrent l’espace collectif d'injonctions cyniques.

Cette œuvre, de matière et de lumière, de langage et de gestes, qui reste encore à découvrir ainsi que le peuple qui n’existe pas encore à qui elle s’adresse, entre pourtant en amitié avec nombre de nos contemporains, cinéphiles, chercheurs, artistes, philosophes, ou simplement spectateurs attentifs, responsables.

C’est de cette amitié que nous souhaitons nourrir la revue LEUCOTHÉA, dont la vocation est de susciter et d’accueillir des études critiques à propos de l’oeuvre de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, et, partant, de s'ouvrir à des contributions multiples autour de la question de l'art cinématographique et de ses rapports au monde actuel, à la poésie, à la littérature, à l'art contemporain.